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Une belle journée nous attend : la rencontre de la communauté Emberas vivant sur les rives du fleuve Chagres. Cela fait à peine 3 jours que nous sommes arrivés au Panama que nous sommes déjà immergés dans un monde encore différent de celui de la Ciudad!

Alors comment fait-on pour rencontrer des communautés indigènes dans un pays aussi « moderne »que le Panama ?

Au départ de la programmation de notre voyage, nous devions passer deux journées et une nuit auprès des Ngöbe-Buglé, non loin de Bocas del Toro mais faute de temps, nous avons dû revoir notre road trip ce qui nous a amené à rendre visite à la communauté Emberas sur le fleuve Chagres, à une petite heure de Panama city.

Le fleuve Chagres ou le Rio Chagres est le seule fleuve au monde à se déverser dans deux océans: l’océan Atlantique et l’océan Pacifique !

En une heure de route de la capitale, vous êtes coupés du monde et vous vous retrouvez dans une bulle hors du temps!

Quand nous voyageons, ce qui nous plaît et que nous privilégions,ce sont les rencontres, les échanges, les découvertes et avoir les yeux remplis d’étoiles grâce à la beauté du monde, de la nature et de ce que l’humain peut faire d’extraordinaire. Passer du temps avec les « locaux » sont un très bons moyens de remplir cette mission mais pouvoir rencontrer des cultures qui ont pu rester éloignées de la vie moderne, loin du stress de la temporalité industrielle et des modes de vie superflus restent vraiment un cadeau précieux que l’on a plus ou moins envie de partager ! Et ce qui nous plaît encore PLUS, c’est de rencontrer des personnes qui se calent sur le rythme de la nature ,de la planète et qui se vivent comme des hôtes de notre terre et pas comme des possesseurs. Quelque part cela me redonne un peu d’espoir. Il y a tellement de gens attachants qui voient la vie comme elle devrait l’être : sans en demander trop et sans se complaire dans une quête à tout va de consommation. Même si nous essayons de l’appliquer dans notre vie de tous les jours, le quotidien prend le pas sur tous ces aspects et il est bon de se le rapeller régulièrement. Alors ce genre de moments sont d’une grande valeur !

Nous voulions vraiment être au plus près de la culture Emberas, nous avions d’ailleurs échanger avec le Réseau Solidaire ToutPanama pour évaluer la possibilité d’aller dans le Darien, région dont les Emberas sont originaires.

De nombreux Emberas ont fui cette région de l’est du pays, en bordure de Colombie puisque cette forêt abrite les FARC. Mais il est possible d’aller passer quelques jours au sein d’une communauté Emberas dans le Darien sans risque (sans se plonger au fond de la forêt!).

Avec un enfant de moins de 8ans, ce séjour est déconseillé car on se retrouve au fin fond de la jungle et l’accès aux soins médicaux y reste difficile en cas de besoin.

J’ai lu de nombreux témoignages de cette expérience dans le Darien qui apparaît comme une rencontre vraiment riche et authentique, une rencontre au cœur de l’humain. Toutes les personnes ayant fait l’expérience en parle comme le meilleur souvenir de leur séjour au Panama !

Et comme c’est ce qui nous plaît largement dans le voyage, c’est donc naturellement que nous choisissons ce type de rencontres avec les communautés Emberas, sans avoir à s’enfoncer dans la forêt puisque notre mini n’a pas encore 6 ans au moment du voyage.


La communauté des Emberas est un des 7 groupes indigènes restant au Panama. Il y a la possibilité de rencontrer les Kunas dans les îles Sans Blas (fermées à cause du Covid lors de notre voyage), les Ngöbe-Buglé dans la province de Chiriqui et les Emberas aux abords du fleuve Chagres. Pour les rencontres avec les autres communautés comme les Wounaan ou les Bris-Bris, je ne sais pas si c’est possible. Je pense que le Réseau solidaire ToutPanama pourrait répondre à ces questions !

Notre décision était prise : pas de dodo chez les Ngöbe-Buglé faute de temps, pas de séjour dans le Darien faute d’enfant trop petit mais une journée au cœur de la jungle, sur les rives du fleuve Chagres avec les Indiens Emberas devraient déjà nous permettre de découvrir l’authenticité du pays!

C’est ainsi que nous avons contacté  Claudio, le chef d’une communauté Emberas, contact donné par Jean Philippe de ToutPanama. Nous voilà au point de rendez vous au dock du fleuve Chagres à 9heures un matin un peu gris.

Claudio ma indiqué que Alex et Robert (!!)nous y attendent . En effet, deux garçons Emberas en tenues traditionelles prennent leur petit déjeuner dans la fonda* au bord du fleuve. (*Une fonda est un restaurant local,un peu comme nos restaurants routiers français).


Quelques minutes plus tard, c’est le départ en pirogue pour la plus grande joie d’Eliott! Bon alors, j’avais « fait » de la pirogue sur le saint Laurent du Maroni en Guyane il ya longtemps, je me souviens que je faisais pas la fière mais là le fait d’avoir mon fils avec nous,ça donne une autre dimension au chmilblik!). Donc vous l’aurez compris, ça tangue pas mal par moment (je vois Antoine se cramponner au bord de la barcasse !!)


Au bout de 20 minutes à remonter le Chagres et à admirer les bords du fleuve chargés de plantes en tout genre, nous débarquons dans un petit delta où la pirogue s’arrête et nous débarque.

Alex nous propose une balade dans la jungle jusqu’à une cascade. Et hop, nous voilà en route !

Étant donné ma passion des cascades, je suis évidemment hyper motivée ! Et nous voilà partis pour 20 grosses minutes de marche à travers les arbres et la rivière.

Nous nous retrouvons à traverser la rivière plusieurs fois en chaussures tels des aventuriers!! Éliott est ravi de faire l’explorateur et de grimper partout !! Vous l’aurez compris: c’est une balade facile, accessible et ludique pour les enfants!!

C’est tellement beau. La rivière est d’un vert émeraude épais ,la jungle est ennivrante. Nous arrivons à la cascade aprés quelques dernières escalades dans les rochers..

Le lieu est magnifique et nous sommes les seuls ce qui rend le moment encore plus mystique!

Le bassin est assez profond et le débit de l’eau est impressionant alors il est difficile de s’y baigner mais nous apprécions la magie du lieu !

Après cet arrêt propice à la trempette, à l’escalade et aux photos, nous repartons à travers la forêt afin de reprendre la pirogue et de rejoindre le village d’Alex et Claudio.

Sur le retour nous rencontrons un joli spécimen local, sûrement l’équivalent de nos lézards à nous mais avec quelques centimètres de plus ..

La forêt est tellement dense et foisonnante, on se demande vraiment ce qu’il peut y avoir comme type de bestioles (même si j’en ai une vague idée aprés m’être documentée!) .

Aprés avoir enjambés des racines grosses comme ma cuisse, observés des arbres grands comme des immeubles, traversés des zones d’eau mystérieuse comme celles du Loch Ness, nous arrivons au village Embera de Parara Puru en pirogue à nouveau!

Nous sommes acceuillis par de la musique locale (dont des instruments réalisés avec une carapace de tortue, apellés les campana).

Des huttes en feuilles de palmiers séchées, des enfants, des poules, voilà ce que je vois en premier en entrant dans le village!

Claudio nous accueille avec d’autres habitants.

Puis nous prenons du temps pour discuter. Il nous explique que lorsque le gouvernement dans les années 80 a classé le parc comme zone naturelle à protéger , la chasse a été interdite. Cela a évidemment nuit aux communautés indigènes qui vivaient de la forêt. Ils ont dû,pour survivre, se  » recycler » et s’orienter vers des activités touristiques.

C’est ainsi que l’accueil des touristes au sein même de la communauté a été pensée et mise en oeuvre.

Dans le village vivent une centaine de personnes, une quarantaine de famille et leurs 35 enfants.

Il y a une atmosphère tellement douce et solidaire où chacun a un rôle à jouer pour faire vivre le village. Des femmes qui préparent le repas, tissent, fabriquent des bijoux aux hommes qui organisent les sorties pour les touristes, pêchent, font la visite du village et présentent leur communauté.

Après un repas de poisson(tilapia) et de patacones ( banane plantain fris), nous mangeons les fruits que nous avons apporté et qui ont été découpés avec soin par les femmes. C’est apparemment une tradition d’apporter des fruits afin de se les faire préparer.


Le truc incroyable c’est que notre fils qui ne veut jamais manger de poisson, englouti le sien en disant que c’est drôlement bon. Le tilapia est un poisson qui pourrait s’apparenter à une sorte de carpe exotique. C’est aussi une espèce très courante que l’on trouve en Afrique et en Asie en grand nombre.

Après notre repas , les femmes viennent nous présenter leur travail incroyable de tissage: les canastas qui sont des récipients fins et parfaitement exécutés en fibre de palmiers(cela me fait un peu penser au rafia).

Ces fibres sont colorées avec des pigments naturels.

Elles réalisent également des bijoux argentés qu’elles poiçonnent afin de créer des motifs tels que des papillons, des fleurs ou encore des colibris. Ce travail artisanal est juste sublime!


Nous visitons également le petit musée du village où l’on découvre des photos de l’abuelo (le grand père) du village qui a été invité à plusieurs reprises dans des laboratoires de recherches spatiales et a rencontré Buzz Aldrin avec qui il a partagé son savoir sur l’astronomie. Les Emberas ont de nombreuses connaissances des planètes et des étoiles, et les utilisent encore de nos jours.

Dans ce petit musée, nous découvrons également des objets typiques tels que des outils de cuisine, des instruments de musique ou du matériel de chasse en bois très dur et typique de chez eux : le cocobolo.

Les Emberas créent aussi de jolies petites figurines d’animaux avec ce bois dur qui est très prisé en Occident et qu’ils vendent aux touristes.

Le cocobolo change de couleur lorsqu’il est coupé: il peut devenir orange et a une texture huileuse. Il est surtout très résistant aux agressions extérieures comme l’eau (sa densité est telle qu’il peut couler!!)

Nous assistons à une séance de tatouage typique des tribus Emberas. C’est grâce à l’extraction du jus du fruit du Jagua utilisé comme encre, arbre typique de la forêt équatoriale, que le tatouage temporaire peut être réalisé. Le Jagua a des vertus médicinales : il peut être utilisé pour les maux d’intestins ou d’estomac et a des effets anti bactérien.


Pour clôturer ce joli moment, nous assistons à quelques danses traditionnelles : la danse des femmes ou la danses des familles. Toutes ces jolies danses se font dans des mouvements circulaires,plus ou moins lents, rythmés par les instruments dont jouent les hommes.

De l’hibiscus dans les cheveux, des bijoux gravés à l’effigie de papillon ou de colibri et de jolis mouvements fluides et doux, tel est le rituel qui sonne la fin de notre journée !

Nous repartons en pirogue à l’embarcadère des souvenirs plein la tête et totalement dépaysés!

Merci joli village de Parara Puru pour ton accueil chaleureux et ce bon moment !

Et vous, ça vous direz un moment dans la communauté Emberas ?

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Pour en savoir plus sur le sort des Emberas à la période de construction du canal de Panama , vous pouvez aller lire cet article ici : https://www.google.com/amp/s/www.liberation.fr/voyages/2014/09/05/panama-oh-isthme_1094442/%3foutputType=amp.

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